Energie et Ecologie
Transition énergétique : Rapport de l'Ademe et exemple allemand
Transition énergétique
Billet du 10 Avril 2015
Des techniciens installent une éolienne à Calais en décembre 2014.
AFP/PHILIPPE HUGUEN
Article intéressant daté du 09 avril sur le site du Monde à propos du rapport de l’Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) : En France, 100 % d'électricité renouvelable n'est pas plus coûteux que le nucléaire.
Le rapport jette un pavé dans la mare et donc logiquement il est mis de côté. Dans l’article du Monde, il est ainsi écrit que « un scénario 100 % renouvelable ne serait à peine plus coûteux qu'un scénario combinant 50 % de nucléaire et 40 % de renouvelable, comme le prévoit le projet de loi gouvernemental. »
Ces conclusions me font penser à autre article paru en septembre 2014 sur le NYTimes (Sun and Wind Alter Global Landscape, Leaving Utilities Behind) ainsi qu’aux articles paraissant régulièrement dans les Echos sur les difficultés rencontrées par les géants allemands de l’énergie (E.ON, RWE : RWE et E.ON peinent à se relever article du 11 mars 2015)
L’efficacité accrue des énergies renouvelables
Que disent ces articles :
- Le prix des énergies vertes et renouvelables est en baisse constante
- Le rendement de ces énergies est en progrès constant
- Ces tendances fortes devraient perdurer
De fait dans un horizon pas si lointain, l’avantage prix compétitif des énergies classiques (fossiles et nucléaires) n’est pas acquis et en tout cas devrait se réduire encore très fortement.
L’exemple allemand est peut-être prémonitoire de ce qui pourrait se produire en Europe et en France.
L’article du NYTimes décrivait entre autres les difficultés des géants de l’énergie allemand, qui, il n’y pas si longtemps, nous étaient présentés comme des ogres susceptibles de croquer les acteurs français. Que lit-on ? Que ces groupes ont été pris de court par la transition énergétique en Allemagne.
Il y a, c’est vrai, des facteurs spécifiques à l’Allemagne, dont l’abandon du nucléaire suite à Fukushima et la marche forcée vers les énergies renouvelables. Mais la surprise vient du fait que les énergies renouvelables se révèlent bien plus efficaces que prévues. Les groupes allemands doivent gérer des surcapacités des centrales de production des énergies « classiques ». Ces centrales ont en outre des coûts de production pas aussi compétitifs qu’attendus avec les énergies renouvelables.
Gestion des pics de consommation et déficits de production
Il y a une autre leçon à retenir de ces articles: Ce sont les modalités de gestion des pics de consommation et/ou des déficits de production des énergies renouvelables (du fait des variations du vent, de l’ensoleillement etc…). Avec les énergies renouvelables il faut accepter de payer pour des centrales classiques très peu utilisées et des parcs notoirement excédentaires de production d’énergie renouvelable. Et ce coût ne devra pas être éludé ! Par contre, si une solution de stockage « efficace » et rentable de l’énergie était découverte, quel en serait l’impact sur les scénarios. Il n’est pas impossible que d’ici 2050 (horizon étudié par l’Ademe) une solution soit trouvée.
Limites
Dans les limites possibles du rapport l’Ademe, que je n’ai pas lu, il serait intéressant de connaître les modalités de prise compte le coût du nucléaire. Est-ce que, comme pour les énergies renouvelables, une baisse du coût des installations nouvelles générations est envisagée ou pas? Est-ce que cela a été pris en compte ?
Enfin toujours dans l’étude de l’Ademe, il y a le principe « d'une nécessaire maîtrise de la demande, qui doit permettre une baisse de 14 % des besoins à la même échéance, en dépit d'une population accrue de six millions d'habitants. ». Qu’en serait-il si la demande devait croitre, avec par exemple, la prise en compte de nouveaux besoins comme celui des véhicules électriques ?
Un débat nécessaire
Bref l’alternative énergie « propre » / « renouvelable » semble même pouvoir avoir un sens économique (au-delà de l’aspect durable et responsable). Il faut donc pousser plus avant les études et les débats. C’est urgent à plusieurs titres :
- Au titre strictement économique, pour s’assurer que nos « champions » énergétiques ne finissent pas par s’effondrer (et nous avec) à force de ne pas vouloir anticiper l’inéluctable, ou qu'à l’inverse le risque n'est pas fondé.
- D’un point de vue écologique et de responsabilité vis-à-vis des générations futures, pour nous permettre de choisir la meilleure voie.
Le débat promet d’être passionné et ne sera pas simple. Il y a des positions dogmatiques et des lobbys (industriels ou d’opinion) qui sont prompts à lancer l’anathème sur leurs contradicteurs. Pourtant nous ne pouvons pas en faire l’économie…
Liens
- Le Monde 09/04/2015 En France, 100 % d'électricité renouvelable n'est pas plus coûteux que le nucléaire.
- Le Monde du 11/03/2015 Les géants allemands de l’énergie en crise profonde
- Les Echos 11/03/2015 RWE et E.ON peinent à se relever
- NYTimes 13/09/2014 Sun and Wind Alter Global Landscape, Leaving Utilities Behind
- Etude de 2015 de B.Chabot Analyse des marchés et des productions d’électricité nucléaire jusqu’en 2014 et 2040 avec des comparaisons stratégiques avec les énergies renouvelables