Christophe Mathieu

Christophe  Mathieu

Grexit ou le jeu qui perd perd

Sortie de la Grèce, lettre à nos politiques et nos concitoyens

Billet du 7 juillet 2015

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Grèce : qui, à Bruxelles, parviendra à renouer le dialogue avec Alexis Tsipras ?

Le Monde

 

Aujourd’hui tout le monde retient son souffle. Quelle stratégie adopter ? Renouer la dialogue ? Acter le Grexit ? Difficile de se faire opinion au vu des arguments qui nous sont présentés, dont il est parfois difficile de démêler le vrai du faux. Souvent il y a du vrai en chacun d'entre eux...

 

On nous dit que les Grecs ont déjà fait beaucoup d’efforts

  • Plus de déficit primaire
  • Des hôpitaux qui manquent parfois de morphine
  • Des retraites amputées
  • Des services publics qui ont été réduits drastiquement
  • Le précédent de l'effacement de 60 % de la dette allemande en 1960

 

A l’inverse

  • Une corruption toujours présente
  • Un clergé et des armateurs toujours exonéré de taxes
  • Des impôts qui rentrent toujours mal
  • Un cadastre toujours inexistant
  • Un âge de départ à la retraite et des montants de pension toujours très avantageux
  • Un montant de dépenses militaires disproportionné
  • Des citoyens de pays « riches » (mais eux mêmes pas toujours riches) qui en ont assez de devoir payer sans arrêt et sans contrepartie
  • Des citoyens de pays plus pauvres ou en crise qui ne comprennent pas pourquoi eux ont dû faire des efforts et n’ont pas eu d’effacement de dette.

 

Il est bien difficile de juger du poids et de la véracité de chacun de ces arguments (et j’en oublie. Cela variera beaucoup en fonction des convictions et valeurs de chacun. Pour ma part, je m'en avoue incapable...

 

Par contre, ce dont je suis sûr c'est qu’on oublie le sujet. L’Europe, pourquoi elle a été construite et ce à quoi elle doit servir. 

 

Et il est facile d’oublier ce que l’Europe nous a apporté, dans les difficultés où nous nous débattons aujourd’hui…

 

Elle a été conçue pour bâtir un pôle de stabilité et de solidarité. Or aujourd’hui la stabilité aux frontières de l’Europe est loin d’être acquise, nul n’est besoin de faire la liste des menaces et des points chauds, tout le monde les connait. La solidarité semble donc toujours et encore plus nécessaire.

 

Quel espoir, si nous ne réussissons pas à résoudre ce problème à l’intérieur même de nos frontières, où finalement tien d’irréparable n’a été commis en regard des conflits à nos frontières ?

 

Quel message donnons-nous si nous laissons la Grèce partir ? Faire partir la Grèce, c’est créer un précédent, une crainte, c’est faire passer le message aux plus faibles, « hier eux, demain pourquoi pas nous » ? C’est pour les plus solides leur faire dire à raison également « On a refusé d’aider les grecs, pourquoi tel autre pays aurait plus de droit… » ? Tout le monde sera perdant à court ou moyen terme, pays fragiles comme pays solides aujourd’hui… 10 ans, 20 ans, 30 ans cela passe plus vite qu’on ne le pense et beaucoup de choses peuvent changer dans ce laps de temps…

 

La solidarité, la confiance sera définitivement cassée. Alors non, on ne peut pas abandonner la Grèce, mais non également on ne peut pas tout passer et faire un chèque en blanc (l’abandon des dettes sur l’Allemagne n’a pas signifié pour les allemands, l’ouverture en grand du robinet de crédit…). Il ne faut pas également que cela soit le précédent du n’importe quoi et du laisser-faire…

 

Enfin c’est de la faute des grecs, de l’état grec pour être plus exact, soit ! Mais c’est aussi autant de la nôtre qui avons laissé la situation se détériorer. Nous avons accepté les mensonges officiels il y a 10 ans et plus en toute connaissance de cause, en espérant au mieux que tout se résoudrait tout seul ou au pire que cela serait de la responsabilité des générations futures. Difficile de donner des leçons de morale…

 

Donc aujourd’hui c’est le travail des politiques européens de:

  • Trouver d’abord un socle d’accord acceptable et de l’expliquer
  • Retenir ensuite les leçons de cette crise, afin d’anticiper les prochaines plutôt que de les subir
  • Enclencher ensuite un processus pour refonder une Europe qui soit  
    • plus juste et plus démocratique
    • où l’économie est au service de l’humain et non l’inverse (l’économie et la croissance sont des moyens pour parvenir à l’épanouissement de l’homme, mais pas une fin en soi, ni le seul levier…)

C’est un travail politique noble ! J’espère que nos dirigeants Européens préféreront passer à la postérité comme des sauveurs et les refondateurs de l’Europe plutôt que comme ses fossoyeurs…

 

Mais c’est aussi de la responsabilité des citoyens, européens convaincus, d’agir, de se faire entendre, de pousser, d’expliquer pourquoi l’Europe. Ce à quoi elle peut et doit servir et en quoi nous en avons  besoin. Nous devons agir et pousser à cette refondation Européenne. Il ne sert à rien de bêler «Europe », c’est juste ridicule et contre-productif…

 

Christophe Mathieu



07/07/2015
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